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그랑 데바(Grand débat)주제 있는 글/<Portada> 2024. 2. 29. 20:52
Le Salon de l’agriculture, champ de bataille des élections européennes
L’ambiance était tendue autour d’Emmanuel Macron, samedi matin, porte de Versailles, mais les manifestants hostiles et les cordons de CRS ne l’ont pas empêché d’improviser un débat, qui est aussi pour lui une manière d’installer un duel avec le RN.
Par Nathalie Segaunes
Publié hier à 05h33, modifié hier à 10h21
농업박람회, 유럽의회 선거의 격전장
요 근래 프랑스 TV 채널을 보면 연신 대토론(Grand débat)이라는 표현이 등장한다. 농민들의 전국적 시위에 대해 대통령이 직접 협상에 나선 것. 농업인들이 이렇게 궐기한 데에는 복합적인 이유(친환경 농법에 따른 농민 부담 증가, 우크라이나산 염가 농산물 수입에 따른 가격경쟁력 약화, 정부보조금 삭감 등등)가 있지만, 여기서 인상적인 부분은 사회적 문제가 아니라 오히려 사회적 문제에 대처하는 리더들의 모습이다.
국가경찰(CRS)의 엄호를 받는 점을 감안하더라도, 대통령, 총리, 야당 의원이 돌아가면서 시위 현장을 찾아 분위기를 살피고 직접 협상에 응하는 모습이 너무나 생경했다. 가령 야유와 고함을 들어가면서도 받을 것은 받고 쳐낼 것은 쳐내면서 소신을 밝히는 웅변력이랄지 배짱이랄지, 적어도 "화면" 속 리더의 모습들은 어떤 의전의 대상이기보다는 여러 행위자 중 한 명으로 보였다고 하는 것이 맞을 것이다. 얼굴을 30센티미터 거리에 맞대고 초로의 농민과 우격다짐하듯이 대화를 하는 모습은, 그저 이들의 기질적인 특성으로 보기에는 흥미로운 광경이었다. 무엇보다도 자신의 철학을 관철해야 할 것 같다고 하면, 비판을 듣더라도 주관을 뚜렷하게 밝히는 모습도 인상적이었다. 물론 마린 르펜의 국민연합에 부화뇌동하는 유권자도, 마크롱의 타협적 정치를 비판하는 사람들도 많지만.
그래서 그런지 이번 기사의 논조에도 어딘가 극적인 면이 있다. 시위대와 취재진을 우회해 농업박람회장에 입장한 국가수반의 다소 비겁한 모습, 농민들의 거친 말에도 아랑곳 않고 응수하는 수반의 모습, 이후 누그러지는 농민들의 모습, 이런 기회를 틈타 정략적으로 행사장을 방문한 야당의원, 그런 여론전을 비판하며 다시 한 번 논리로 위기를 돌파하려는 총리의 모습에 이르기까지, 기승전결이 있는 하나의 희곡처럼 기사가 쓰여 한 꼭지 남겨본다.
Quand Emmanuel Macron se plante, peu avant 20 heures samedi 24 février, devant les caméras, dans les allées du 60e Salon international de l’agriculture, sa jubilation crève l’écran. Après avoir frôlé le précipice, il est parvenu à inaugurer l’événement, et même à y trouver les faveurs d’une partie des agriculteurs. « Qui aurait dit ce matin que douze heures plus tard, on se retrouverait ici à continuer de travailler, d’avancer ? », se réjouit-il, l’œil brillant.
jubilation(euphorie) / créver(éclater)
Pas lui en tout cas. Le jour vient de se lever lorsque le chef de l’Etat est introduit, par une porte dérobée, dans le hall V du Parc des expositions, à Paris, protégé par les hommes du Groupe de sécurité de la présidence de la République. Il évite ainsi la meute de journalistes parqués depuis plus d’une heure à l’entrée du hall, mais il feinte surtout les agriculteurs qui ont passé la nuit autour d’un brasero devant l’entrée principale, à l’attendre de pied ferme. Le chef de l’Etat a rendez-vous, dans les étages, avec les responsables des syndicats agricoles, pour un petit déjeuner à huis clos décidé la veille au soir.
dérober(détourner) / meute(bande, troupe) / parquer(garer, stationner) / brasero(appareil de chauffage) / de pied ferme(avec determination)
Mais à l’extérieur, la rumeur de son arrivée en catimini s’est répandue comme une traînée de poudre, et déclenche la fureur des agriculteurs. Des militants de la Coordination rurale et de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), le premier syndicat agricole, escaladent les barrières d’entrée et pénètrent dans le hall principal, celui des animaux, ouvrant la voie à près de 300 à 400 manifestants. « La chasse au Macron est ouverte ! », crient certains, « Il est où ? », menacent d’autres. Ils enfoncent les cordons de policiers en civil, parviennent à progresser parmi les stands. Des coups sont échangés, les sifflets des manifestants emplissent le hangar ; les vaches normandes, paniquées, tirent sur leur licol.
en catimini(discrètement, secrètement) / poudre(poussière) / enfoncer(planter, plonger) / cordon(file) / sifflet(huée) / emplir(remplir) / hangar(batîment) / licol(licou)
« On ne répond pas à la souffrance en envoyant les CRS », avait philosophé le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, fin janvier. Très vite pourtant, quatre compagnies de CRS qui stationnaient à l’extérieur, équipées de casques lourds et de boucliers, se déploient le long des allées, afin de repousser les agriculteurs. Deux autres les rejoindront dans la matinée, ainsi que les gendarmes mobiles. « Macron démission ! », scandent les paysans, revêtus de tee-shirts siglés du slogan « On marche sur la tête ». Face aux « féroces soldats » du président de la République, ils entonnent La Marseillaise, chant guerrier de la France rurale, qui évoque la terre qui produit, les sillons qu’on abreuve et les campagnes qui se soulèvent.
repousser(pousser en arrière) / scander(accentuer) / revêtir(habiller) / féroce(suavage) / sillon(pli) / abreuver(faire boire)
Jacquerie de salon
Il y a cependant autant de colère que de jeu dans cette jacquerie de salon. Les manifestants tentent de repousser les barrages policiers, façon mêlée de rugby, trop heureux de démontrer leur force. Les forces de l’ordre défendent loyalement la « bulle », où sont regroupés les officiels. Le face-à-face ressemble alors, de part et d’autre, à un remake de Retenez-moi… ou je fais un malheur.
jacquerie(révolte paysanne) / mêler(allier, combiner) / retenir(capter) / faire un malheur(un éclat)
José Pérez, coprésident de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, a réussi à passer entre les mailles du filet. « C’est quoi ce président qui respecte pas son agriculture ?, tonne-t-il en direction des officiels. Il y a plus de CRS que d’agriculteurs ici ce matin ! C’est une honte de ne pas écouter vos agriculteurs. » Au pied des escaliers qui mènent à la salle de réunion où se trouve Emmanuel Macron, le préfet de police, Laurent Nuñez, et le préfet de la région Ile-de-France, Marc Guillaume, détournent le regard.
maille(chaînon) / filet(piège) / préfet(chef-lieu)
Dans les étages, après une heure trente de discussion dans une ambiance « tendue », selon Pierre Thomas, président du Mouvement de défense des exploitants familiaux, le chef de l’Etat apparaît, blême, devant la presse, flanqué du ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, et de la ministre déléguée, Agnès Pannier-Runacher. Il développe longuement les « engagements » qu’il a pris devant les représentants des syndicats agricoles, mais doute que cela suffise à « apaiser » les colères paysannes. « La nature de la tension qu’il y a aujourd’hui dans le monde agricole ne permet pas, au moment de ce salon, de trouver une issue à la crise », constate-t-il.
blême(problème) / flanquer(accompagner)
Comme à l’époque des « gilets jaunes », le chef de l’Etat projetait de monter ce samedi matin sur le « ring », pour échanger « sans filtre », des heures durant, avec tous les acteurs de la crise. Mais l’affaire a tourné au fiasco jeudi soir, lorsque l’Elysée annonce que le mouvement écologiste radical Les Soulèvements de la Terre fait partie de la liste des invités. La nouvelle produit, sur les agriculteurs, l’effet de la muleta agitée sous le nez du taureau. « Après Les Soulèvements au SIA [Salon international de l’agriculture], à quand les curés au salon de l’érotisme ? », pouvait-on lire sur le panneau d’un manifestant, samedi matin.
muleta(Pièce d'étoffe rouge tendue sur un bâton dont le matador se sert pour provoquer et diriger les charges du taureau) / taureau(mâle de la vache) / curé(prêtre)
« Je n’ai jamais songé initier une telle invitation, se défend le chef de l’Etat devant la presse. Et vous parlez au président qui a assumé de faire passer en conseil des ministres la dissolution des Soulèvements de la Terre. Toute cette histoire m’a mis en colère à un point que vous ne pouvez pas imaginer. J’ai toujours condamné la violence. C’est n’importe quoi ! »
« On peut faire de vous des fonctionnaires ? »
L’« erreur » est attribuée par plusieurs sources aux conseillers qui suivent le dossier, Benoît Faraco, ancien porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot et ancien conseiller de l’eurodéputé Renaissance Pascal Canfin, et Mathias Ginet, également conseiller agriculture du premier ministre. Deux « technos », observait samedi un proche du chef de l’Etat, assurant que le président « n’a jamais évoqué Les Soulèvements en réunion de cabinet ».
évoquer(suggérer)
Malgré la polémique, les deux conseillers sont présents au Salon samedi. Et le chef de l’Etat maintient qu’« à un moment, il faut que toutes les parties prenantes puissent parler entre elles », y compris « les associations qui représentent la cause environnementale dans le respect de la loi et qui sont reconnues dans les instances de concertation ». Le collectif écologiste radical confirmera dans un communiqué que « l’Elysée, par l’intermédiaire des cabinets de Pascal Canfin et Gabriel Attal, [a] bien cherché à contacter des membres des Soulèvements de la Terre afin de nous inviter à ce débat ».
partie prenante(en droit, partie qui reçoit de l'argent ou une fourniture) / reconnaître(identifier, admettre) / instance(demande) / concertation(échange de vues)
Son projet de « grand débat » tombé à l’eau, le chef de l’Etat n’est pas non plus en mesure d’inaugurer le Salon. « Le premier objectif à court terme, c’est que le Salon doit se tenir dans le calme », reconnaît-il, alors que l’écho des sifflets lui parvient. Les bonnets jaunes l’attendent toujours au pied des escaliers. « Oh Manu, tu descends ! », s’impatientent-ils.
tomber à l'eau(échouer, être oublié) / bonnet(coiffe)
Après un moment de flottement, c’est eux qui vont monter. Le chef de l’Etat a demandé à chaque syndicat de lui envoyer ses militants « les plus remontés », pour un échange « à bâtons rompus », en présence de la presse. En chemise blanche au milieu des casquettes rouges de la FNSEA, des casquettes vertes des Jeunes Agriculteurs et des bonnets jaunes de la Coordination rurale, le président écoute dans un premier temps le lamento du monde agricole, celui des suicides quasi quotidiens, des fins de mois à zéro euro, des préfets « qui appliquent des normes qui n’existent pas », des « conseillers hors-sol », des agriculteurs « monnaie d’échange pour vendre des armes à l’Ukraine », de la « vaste fumisterie » des lois EGalim, de « l’écologie punitive », de « Lactalis qui annonce un prix du lait à 400 euros alors qu’il nous revient à 430 », etc.
flottement(balancement) / remonté(en colère) / parler à batôn rompu(de manière peu suivie, en changeant de sujet) / lamento(air triste et plaintif) / hors-sol(coupé des réalités, du terrain) / fumisterie(supercherie)
Le chef de l’Etat refuse ce « portrait catastrophiste de notre agriculture ». « L’agriculture française, elle se tient », maintient-il, et « il y a des gens qui ces dernières années ont fait beaucoup de revenus ». Concernant EGalim, il dénonce la filière bovine, qui « n’a pas voulu s’organiser ». « Vous êtes trop technique, M. le président », se plaint une militante de la Coordination rurale. Emmanuel Macron annonce la mise en place d’un prix plancher, qui sera défini par chaque filière et sanctuarisé par la loi. « Et si en face, personne ne veut acheter au prix plancher ? », s’inquiète un éleveur. Le prix plancher, « c’est la chose la plus engageante qu’on ait jamais faite », rétorque le chef de l’Etat. « Sinon, on peut faire de vous des fonctionnaires ? », suggère-t-il. « Non ! », se récrient-ils en chœur.
dénoncer(accuser) / filière(domaine) / bovine(qui a rapport au bœuf) / se plaindre(râler) / plancher(sol) / sanctuariser(donner le statut de sanctuaire, de zone protégée) / engageant(attrayant) / rétorquer(objecter) / récrier(protester) / en chœur(ensemble)
« Vous pouvez m’engueuler, ça me gêne pas »
Les agriculteurs voulaient du « concret », le chef de l’Etat leur annonce, « dès lundi, le recensement dans chaque région, des exploitations en difficulté », pour les faire bénéficier d’un « plan d’urgence ». « C’est officiel, ça ? », interroge un producteur, méfiant. « Oui, c’est officiel. »
recensement(évaluation)
La tonalité de la discussion commence à évoluer, le ton est moins agressif. Le président tente de garder l’avantage, en annonçant que le « Conseil stratégique phytosanitaire est suspendu ». Ce n’est pas assez. « Il faut le supprimer ! », s’entend-il répondre. Dans la mêlée, Marc Fesneau, qui assiste à la discussion, se voit mis en cause de façon inattendue : « Pourquoi le ministre de l’agriculture, c’est pas un agriculteur au départ ? », regrette un militant. La seule question qui laissera Emmanuel Macron sans voix. Le ministre sourit.
tonalité(teinte) / phytosanitaire(relatif aux soins à donner aux végétaux) / supprimer(enlever) / s'entendre(s'arranger) / dans la mêlée(dans la confusion)
Les militants voudraient aussi moins de contrôles. « Quand il y a plus de 10 milliards d’aides publiques, c’est normal de contrôler, rappelle M. Macron, mais on va continuer à fond la caisse sur la simplification, j’en prends l’engagement. » La liste des récriminations n’en finit pas, mais le président est à son affaire : « Vous pouvez m’engueuler, ça me gêne pas, je suis là pour ça. » « Il fait son show, c’est fini », glisse un syndicaliste à son voisin. Après deux heures de ping-pong, ses opposants rendent les armes, las ou charmés par ce président qui mouille la chemise, les tutoie et a réponse à tout. On l’applaudit, on lui dit merci, la salle est retournée.
récrimination(protestation) / engueler(disputer) / glisser(engager) / las(fatigué, épuisé) / mouille(humide)
« Pas un cirque médiatique »
Toujours à l’abri d’un important dispositif de sécurité, le chef de l’Etat peut enfin descendre dans le hall. Il coupe le ruban, « salue la vache » Oreillette, égérie du Salon, et prend « encore un peu de la colère » des agriculteurs, au fil de sa déambulation parmi les stands. Les sifflets des manifestants retentissent toujours, par vagues. « Ce sont des supporteurs », plaisante-t-il.
à l'abri de(à couvert contre qqch.) / ruban(galon) / égérie(figure emblématique) / déambuler(flâner) / retentir(résonner)
« Quand vous avez des centaines de gens avec des drapeaux réclamant le Frexit, ce ne sont pas des mouvements agricoles, c’est factuel », dénonce-t-il dans Le Figaro lundi. Au Salon, le chef de l’Etat ne cesse de cibler le Rassemblement national (RN), la Coordination rurale étant à ses yeux instrumentalisée par le parti de Marine Le Pen. « Je ne suis pas dupe, dit-il au Figaro. Des décideurs locaux de la Coordination rurale sont engagés de manière très officielle au Rassemblement national. »
réclamer(exiger) / factuel(tangible) / cibler(délimiter, viser, déterminer) / dupe(crédule) / décideur(responsable)
Le calme dans lequel Jordan Bardella, président du RN, est accueilli dimanche au Salon contraste avec le chahut de la veille. Répondant au chef de l’Etat, qui avait désigné les manifestants comme « des gens avec un projet politique qui est de servir le Rassemblement national », le dauphin de Marine Le Pen diagnostique « une schizophrénie » et « une forme de complotisme et de dérive paranoïaque très inquiétante ».
chahut(tumulte) / schizophrénie(par une distorsion de la pensée et de la perception) / complotisme(conspirationnisme) / inquiétant(grave, sérieux)
Mais l’exécutif n’a pas l’intention de céder à l’extrême droite le terrain du Salon de l’agriculture, sur lequel sont braquées les caméras. Dimanche en fin d’après-midi, Matignon annonce la visite surprise de Gabriel Attal. Au dîner des 60 ans du Salon, qui se déroule le soir même après la fermeture, le premier ministre dénonce l’instrumentalisation de cette « fête nationale » par le parti de Marine Le Pen, dans la perspective des élections européennes. « Le Salon n’est pas un cirque médiatique, ni un cirque politique, ni un cirque militant », lance-t-il.
céder(lâcher) / braquer(pointer) / lancer(dire)
Si le président a pu, comme tous les ans, terminer sa visite inaugurale par une bière au stand des brasseurs, ses opposants politiques, surfant sur la crise agricole, ne vont cependant pas se priver de cette caisse de résonance particulièrement sonore et télégénique. Une 60e édition « dont on se souviendra très longtemps », pronostique le premier ministre.
surfer(naviguer) / se priver de (se refuser, s'abstenir de)/ résonance(réverbération) / télégénique(dont l'image télévisée est agréable)
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